Ce que nous pensons de l'école dans son ensemble et selon nos expériences

   Nous avons exprimé nos idées avec franchise tout en essayant de mesurer nos propos pour être le plus juste possible. Les idées que nous vous proposons, sont très subjectives ! Le but pour nous est de vous aider à avancer dans vos réflexions et nous espérons que vous ne vous méprendrez pas sur certains de nos propos.

Slogue et Melim

1 - L'école et la culture

   Nous pensons que la seule fonction fondamentale que devrait exercer l'école, est l'éveil et la maîtrise de la culture. Pour nous, l'être humain est un être de culture et ce par nature comme Françoise Dolto nous l'avait démontré. Ainsi, elle a prouvé en son temps que les bébés ont la capacité de comprendre par le ressenti les propos qui concernent leurs êtres, ceci avant même d'être capable de prononcer un seul mot à condition que nous leur parlons d'une manière significative. Pour notre part, nous aimons beaucoup avoir des discussions sous forme de réflexion dynamique et spontanée et qui nous aident à découvrir les fondements de notre culture. Au début, nous ne le partageâmes que tous les deux puis nous avons fait l'expérience de le partager avec d'autres personnes qui n'en avaient pas l'habitude par manque d'opportunités. Nous avons constaté que dans la plupart des situations et lorsque nous nous adaptons à la personnalité, ces discussions apportent un accès à quelque chose qui se retrouve inhibé en chacun de nous et dont la "libération" engendre un état stimulant et agréable. Il nous est aussi arrivé de créer quelque chose d'assez similaire en dialoguant par le biais du jeu avec quelques enfants de notre entourage. Notre conviction est que la culture n'est pas un domaine qui s'apprend exclusivement par des supports extérieurs mais que nous avons un potentiel dès le début de notre existence qui ne demande qu'à s'éveiller et se réaliser dans la vie adulte. Donc pour nous, l'école devrait avoir pour fonction d'éveiller et de développer toute forme de culture chez les enfants puis chez les jeunes. Malheureusement quand l'école essaie de le faire, elle le fait avec une méthode inadaptée qui rend cet apprentissage pénible et ennuyeux la plupart du temps.

2 - La méthode archaïque de l'école

   Un des défauts de cette méthode tient dans un "bombardement" d'instructions qui conduit à une saturation de l'activité mentale et qui tombe dans un "gouffre intérieur". Cela occasionne une sensation plus ou moins douloureuse chez tous les élèves. On ne peut pas dire dans cette situation qu'il y a une transmission de la culture car si tel serait le cas, cela ne se vivrait pas de manière aussi affligeante ! Une porte s'ouvrirait au lieu de se fermer. Un autre défaut de cette méthode tient dans le fait qu'elle ne s'adapte pas aux élèves. Nous sommes tous inégaux par nature et ce dès la naissance avec chacun nos points forts et nos points faibles. Néanmoins, nous sommes tous égaux dans notre raison d'être au sein de la nature. Donc, nous ne pouvons aborder la culture que selon une vitesse et une façon propre à chacun. D'ailleurs, le fait d'avoir entendu parler de "l'égalité des chances" dans une école qui ne s'adapte pas aux élèves, relève pour nous d'une grosse absurdité ! En plus, cela signifie l'enjeu malsain de réussir ou d'échouer ses études, son avenir et tant que nous y sommes, pourquoi pas sa vie ? Un tel concept aussi grotesque n'a pas sa place dans une école digne de ce nom. Le troisième défaut que nous considérons, est la concurrence abusive instaurée entre tous les élèves et si celle-ci s'avère stimulante pour certains, en général les meilleurs élèves, elle est avant tout destructrice. Ce que nous entendons par destructrice, est bien sûr qu'elle "écrase" certains élèves au détriment des autres mais pour nous, cela va bien au-delà. Le problème tient dans le fait que le rapport de concurrence, qui n'est pas un moteur sain pour l'homme, se transforme facilement en "virus" ! Ce virus se propage et les personnes "contaminées" adoptent un schéma de domination dans leur relation aux autres. Cela peut se reproduire dans tous les contextes que vivront ces personnes et parfois jusqu'à la fin de leur vie. Nous pouvons constater les problèmes qu'engendre la concurrence à l'échelle mondiale et qu'elle se propage jusqu'à l'échelle individuelle. Si elle a pour effet de créer une tension omniprésente au bénéfice d'une politique destructrice et de toute personne peu soucieuse, elle détériore aussi la structure sociale ainsi que la santé des gens. Voilà pourquoi nous pensons qu'il serait urgent que l'école n'instaure plus la concurrence entre les élèves mais essaie plutôt de les inciter à s'entraider. Si nous habituons les élèves qui ont des facilités à aider les élèves en difficulté, chose que parfois ils ne font pas parce qu'ils n'osent pas, cela deviendrait probablement gratifiant pour eux et les élèves en difficulté se sentiraient soutenus et plus confiants vis-à-vis des autres. Cela pourrait désamorcer une haine souvent grandissante avec le temps entre ces deux types d'élèves qui ont rarement d'animosité réciproque quand ils sont petits. Grâce à l'implication des enseignants, il serait possible de développer une conscience d'entraide. L'entraide tempère les conflits dans les relations comme elle incite à la vertu et la vertu est ce qui distingue l'humanité du règne animal, ce dernier ayant déjà sa propre vertu. Une société qui se dit évoluée, doit impérativement tirer partie de cette caractéristique de l'être humain et ce qui fait une société, est la complémentarité entre chaque individu. Donc, la seule alternative pour cela est de transmettre la vertu humaine à travers notre culture dans une condition d'entraide et de complémentarité. L'école doit jouer ce rôle ou alors il faut la supprimer.

   L'école connaît un lointain problème qui est le non-respect, que ce soit pour les élèves, les enseignants ou les parents. Il fut une époque où les enseignants abusaient globalement de leur autorité mais à l'heure actuelle, certains n'arrivent même plus à faire leurs cours. Les enfants n'étaient et ne sont toujours pas reconnus comme des êtres à part entière. Les adolescents se retrouvent tiraillés entre un conformisme et une rébellion. Quant aux parents, ils ne savent plus quelle position adopter vis-à-vis de leurs enfants ou des enseignants. Bref, nous vivons une situation troublante en ce qui concerne l'école.

3 - La dignité des enfants non encore reconnue

   L'école a pour fonction de compléter l'éducation que donnent les parents à leurs enfants et nous adhérons à cela. Seulement pour nous, l'éducation ne consiste pas à rendre obéissant et à inculquer des interdits ! Le but de l'éducation est d'apprendre à vivre dans un milieu social en comprenant ses règles et ses limites mais en le faisant avec un espace de liberté pour chacun. Il n'est pas mauvais d'obéir à condition que l'on ait aussi le droit de désobéir en disant "non" quand cela est justifié. Cet enjeu doit être inculqué à chaque enfant, seulement assez couramment, les adultes estiment qu'un enfant ne peut appréhender cette notion. Nous arrivons à une première violation du respect entre les enfants et les enseignants. L'éducation doit aussi permettre des initiatives mais cela est rarement pris en compte dans la vie scolaire qui fonctionne de manière dirigiste. Quant à la parole des enfants, elle est souvent occultée par la figure de l'adulte ou de l'enseignant qui considère que "c'est lui qui sait". Nous pensons donc qu'il existe une première atteinte au respect dès les premières années d'école et qui peut se renchérir lorsque les parents n'acceptent pas eux-mêmes ce principe. Nous avons la certitude qu'à l'heure actuelle, l'école ne remplit pas sa fonction éducatrice. Or, les parents ont souvent une vie chargée pour peu qu'ils travaillent tous les deux et qu'ils assument leurs tâches quotidiennes et leur responsabilité professionnelle. Cela se vit parfois au détriment de leur propre rôle d'éducateur si crucial. Qu'advient-il donc de l'éducation des enfants ? Un certain nombre est livré à lui-même et pour éviter cela, il faut que l'école change. Nous considérons cependant qu'il ne faut pas blâmer tous les enseignants car avoir un rôle d'instructeur et d'éducateur à la fois, cela en demande beaucoup pour une seule personne face à une trentaine d'élèves et soumise à un programme scolaire aussi chargé. La question du respect de l'enfant, et espérons des "droits de l'enfant", n'est pas à mettre que sur les épaules des enseignants mais de tous dans une remise en question des principes de notre culture.

4 - La tâche difficile des enseignants

   Le respect qui n'est pas accordé aux enseignants, se base sur une demande trop exigeante et donc "étouffante" du système scolaire mais aussi sur le fait de devoir faire face aux élèves et aux parents à eux seuls. Tout enseignant soucieux de son rôle et conscient de ce que cela implique, a un fardeau sur les épaules ! Il ne peut l'assumer que si sa condition morale est bonne aussi ces enseignants auraient besoin d'être aidés et soutenus. Parfois, ces enseignants compétents se retrouvent harcelés de toute part, que ce soit des élèves, des parents, de la pression du système scolaire voire de leurs propres collègues enseignants. Le contexte scolaire serait beaucoup plus favorable si il existait en tant que "zone neutre" mais il est soumis à de fortes tensions entre les éléments qui le constituent. L'enseignement peut se muer en rapport de force et si il existe une solution, elle n'est certainement pas en le renforçant.

5 - Un enjeu important pour tout adolescent

   Pour les adolescents comme pour les adultes, la problématique du conformisme/rébellion est importante. Cependant, elle peut être difficile à appréhender face à ce que ces deux termes évoquent. Vu la situation au sein des écoles, il est logique que les adolescents passent par des actes de rébellion ! C'est regrettable qu'ils en arrivent là mais cela n'est pas à considérer comme exclusivement négatif. La rébellion est pour eux une façon de s'exprimer devant un problème commun à toute la population et représente un potentiel pour résoudre notre situation à la fois murée et destructrice dans un avenir plus ou moins proche. Certes, nous voyons au premier abord l'agressivité que déclenche parfois cette rébellion mais il faut la comprendre en tant que réponse physique face à un environnement qui nous bombarde sans arrêt "d'agressions psychologiques" et souvent d'un vécu difficile à assumer. L'acte de rébellion peut aussi se traduire par quelque chose de plus pacifiste et constructif. C'est dans ce cas que les adultes peuvent intervenir directement en les aidant. Nous en revenons à la question du respect des adolescents qui doit consister d'une part à leur redonner notre confiance en tant qu'adulte et d'autre part à les encourager et à les accompagner dans la réalisation de leurs désirs et intentions. Pour ce qui est du conformisme, nous allons d'abord le définir tel que nous l'entendons. Il existe en tant que phénomène d'appartenance à une société basée sur des normes dictées par un pouvoir en place. Plus clairement, il nous pousse à agir et à penser en fonction de ce que la société attend de nous dans le but de nous empêcher d'agir et de penser par nous-mêmes. Ce qu'il apporte, est le sentiment d'être dans la "bonne voie" d'un point de vue personnel et de pouvoir se contenter des efforts à fournir tels qu'ils peuvent nous être dictés. Ce qu'il engendre souvent, est la non-évolution de son être intérieur, le sentiment d'impuissance face aux problèmes rencontrés avec une inaptitude à les résoudre ainsi que l'uniformisation de sa pensée avec la norme imposée. D'autres personnes utilisent le mot "formatage" pour le dénoncer. Le conformisme des adolescents basé sur une peur qui est justifiée, ne doit pas être jugé par les autres. Il ne s'agit pas d'un manque de personnalité, d'intelligence ou de force de caractère mais d'une façon de ressentir les choses en fonction de leur entourage, de leur histoire intime et de leur aspiration. Nous pensons que le conformisme chez l'adolescent ou l'adulte n'est généralement pas intégré dans sa totalité. Dans les cas prononcés, le risque de troubles psychiques graves en résulte ! Ces troubles peuvent se déclencher subitement chez les adolescents ou à retardement chez les adultes. Ils deviennent alors une forme de rébellion au sein d'une maladie ou une lutte intérieure extrêmement difficile à surmonter mais qui doit permettre à terme de se retrouver. Dans l'ensemble, ce conformisme doit être remis en question et une autre forme de richesse peut naître de cette expérience en complémentarité avec les individus qui ont suivi une voie de rébellion. Certes, nous n'omettons pas les adolescents qui ont une vie équilibrée grâce à un entourage et un vécu favorable et qui arrivent à s'épanouir mais nous ne les sentons pas majoritaires. Pour conclure sur le respect des adolescents à l'école, nous dirons qu'il est totalement bafoué à l'heure actuelle dans ce changement de société car l'école résiste à ce changement et les pressions qui l'en empêchent, sont puissantes et issues de notre société.

6 - Un système qui exclut les parents de l'école

   Où en sont les parents dans tout ça ? Eh bien, nous pensons que les parents sont mis à l'écart face à l'avenir et à l'épanouissement de leurs chers enfants à l'école. Nous évoquons des contacts parents/enseignants peu fréquents, certains parents n'ayant pas le cœur de s'immiscer dans le contexte scolaire sous l'effet de leur vécu scolaire personnel et antérieur, d'autres parents ne pouvant s'investir dans cette vie scolaire car étant entravés par leur vie sociale et professionnelle, les parents les plus libres et déterminés pouvant faire face à des difficultés de communication dues à un système scolaire dogmatique qui les refoule hors du contexte scolaire. Il est un fait que ces derniers peuvent assez facilement participer à des regroupements scolaires quand ils ont des enfants assez jeunes. Cependant, lorsque ces enfants deviennent des adolescents, les conflits parents/adolescents et les conflits parents/enseignants peuvent prendre des proportions quasi insurmontables ! Il faudrait des psychologues compétents dans ce type de situation mais ils devraient être formés en tant que médiateurs entre les adolescents, les parents et les enseignants. Les parents les plus courageux peuvent agir mais cela peut tenir d'un véritable parcours du combattant si les enseignants ne coopèrent pas. Donc, certains enfants sont favorisés dans notre contexte social mais la plupart sont victimes d'un système matérialiste qui ne coopère pas avec les besoins essentiels de la vie des hommes. Par respect pour les parents et autant pour les enseignants et les élèves, nous pensons qu'il serait temps de mettre en place des lieux où parents, élèves et enseignants se retrouvent quotidiennement pour partager en toute liberté des moments simples et ce dès le début de la scolarisation. Il serait permis d'apprendre à se connaître dans le but de tisser des liens solides pour l'Avenir des enfants.

   Nous espérons que notre texte vous aura aidés dans votre progression et nous vous encourageons à remettre en question ce que vous vivez, que ce soit en tant que parents, intervenants dans les écoles ou autres afin de changer cette situation difficile que nous vivons.

 

Texte posté Juillet 2014 et modifié Octobre 2015